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GENARALITES SUR LA SCHIZOPHRENIE 3

I.                  LA PRISE EN CHARGE DE LA SCHIZOPHRENIE


Depuis le XVIIIème siècle, diverses méthodes ont été envisagées dans le traitement des maladies mentales, dont le traitement moral, ancêtre des psychothérapies, techniques hydrothérapiques, physiothérapie en passant par des techniques de médications diverses. Dès que la maladie schizophrénique a été identifiée en tant que telle, les premiers traitements spécifiques sont apparus comme la cure de sommeil, la convulsivothérapie, l’insulinothérapie (encore appelée cure de Sakel). C’est en fait par la découverte par les chercheurs français de l’effet des neuroleptiques sur la production délirante, le mécanisme hallucinatoire et les troubles du comportement, que l’ère des traitements des maladies mentales, et plus particulièrement ceux de la schizophrénie a réellement commencé. L’efficacité de cette thérapeutique pharmacologique malgré les effets secondaires parfois très invalidants, a permis une véritable révolution dans la prise en charge des patients et a été à l’origine d’un déplacement du pôle thérapeutique de l’hôpital vers la communauté (12, 16).
Les nouvelles molécules qui associent une efficacité identique sur la symptomatologie positive et surtout une activité sur les symptômes négatives ainsi qu’une meilleure tolérance sont maintenant mieux acceptées par les patients. Parallèlement, les traitements psychothérapiques individuels ou de groupe constituent un complément thérapeutique indispensable pour le patient lui-même et/ou sa famille, tout en renforçant l’alliance thérapeutique (9, 12).
Le diagnostic doit être posé le plus précisément et le plus rapidement possible afin de limiter les difficultés et les problèmes de compliance dans les traitements qui seront instaurés par la suite. Le traitement doit être initié lui aussi le plus tôt possible surtout s’il s’agit d’un premier épisode psychotique, d’autant que le pronostic est contingent de la précocité de la prise en charge. Par ailleurs, les rechutes ouvrent le risque d’une réponse moindre aux réajustements thérapeutiques (9, 12, 13).
Les retentissements multiples de cette pathologie, sur le patient lui-même et son entourage incitent à intervenir tôt et à poursuivre à long terme une prise en charge adaptée. Les antipsychotiques qui permettent le traitement de l’accès aigu et limitent, par la stabilisation obtenue, les rechutes, doivent être maintenus au long cours. La qualité de l’observance reste le facteur essentiel. Bref la prise en charge d’un patient schizophrène doit être à long court et à triple dimension (biologique, psychologique et social) (9, 12).

1.      LES NEUROLEPTIQUES

Jusqu’à la découverte de l’effet neuroleptique de la chlorpromazine par Delay et Deniker en 1952, la schizophrénie connaissait pour seul traitement biologique les électrochocs et l’hypoglycémie insulinique, la célèbre cure de Sakel, à l’efficacité douteuse. S’ensuivit la découverte de l’haloperidol inaugurant ainsi l’ère des neuroleptiques dits classiques aptes à exercer une action antipsychotique efficace auprès des patients schizophrènes. Ces molécules s’avèreront malheureusement pourvues de nombreux effets secondaires parmi lesquels les extrapyramidaux induits par un blocage excessif des récepteurs dopaminergiques D2 : les dyskinésies aiguës lors de l’installation du traitement, le syndrome parkinsonien dit aussi parkinsonisme ou camisole chimique, l’akathisie et enfin les dyskinésies tardives le plus souvent irréversibles (16, 23).
Afin de contrecarrer les effets extra-pyramidaux, l’ajout d’anticholinergiques dits correcteurs était de mise. Malheureusement, ceux-ci entraînaient une diminution de l’efficacité antipsychotique, une altération des fonctions mnésiques et l’induction, chez certains patients, d’une utilisation abusive et addictive. On dispose actuellement des neuroleptiques de seconde génération, une classe s’enrichissant progressivement jusqu’à constituer l’essentiel de la stratégie thérapeutique actuelle pour traiter les patients schizophrènes. Ils sont qualifiés d’atypiques de par la rareté de leurs effets secondaires extra-pyramidaux. On observe ainsi une meilleure compliance ainsi qu’une nette diminution du risque de dyskinésie tardive (9, 12).
S’ils font preuve d’une efficacité égale aux classiques sur les symptômes positifs, la supériorité de leur efficacité sur les symptômes négatifs et sur les troubles cognitifs paraît évidente. Si les neuroleptiques représentent le traitement de fond incontournable de la schizophrénie, d’autres molécules aussi font partie prenante de la panoplie thérapeutique (9, 12, 23).

a.      Neuroleptiques classiques de la première génération

La disponibilité, depuis les années 1950, des « neuroleptiques classiques » a révolutionné la prise en charge et l’évolution de la psychose et plus particulièrement de la schizophrénie en améliorant l’état clinique des patients et en réduisant les taux de rechute. A partir de 1952, date de la première utilisation thérapeutique de la chlorpromazine (Largactil®), les neuroleptiques se sont rapidement diversifiés en plusieurs familles (12). On retient (9,12):
ü  Les phénothiazines, parmi lesquelles la chlorpromazine, reconnue pour ses effet sédatifs et globalement antipsychotiques.
ü  Les butyrophénones, comme l’halopéridol, neuroleptique polyvalent anti-hallucinatoire, anti-délirant et sédatif puissant, le chef de file de la famille chimique.
Les molécules dites de première génération entrainent lors de leur utilisation de nombreux effets secondaires. A l’inverse, les molécules dites atypiques entrainent peu ou pas d’effets secondaires neurologiques car elles possèdent une activité anti serotoninergiques. L’utilisation des neuroleptiques classiques tend actuellement à décroître, d’autant plus que toutes les recommandations thérapeutiques internationales récentes préconisent d’utiliser les antipsychotiques atypiques en première intention. Néanmoins, les neuroleptiques classiques ne doivent pas être totalement abandonnés puisque certains d’entre eux présentent un intérêt dans le cadre de l’urgence (neuroleptiques dits sédatifs) comme le Tercian® ou dans le cadre du traitement d’entretien, surtout dans le cas d’une mauvaise observance thérapeutique (neuroleptiques classiques à action prolongée) comme l’Haldol Décanoas® (9, 12).

b.      Les neuroleptiques de seconde génération ou atypiques

L’ensemble des neuroleptiques partagent une même propriété pharmacologique de base : ‘’l’antagonisme des récepteurs dopaminergiques D2’’ ; les antipsychotiques restent à l’heure actuelle la pierre angulaire des stratégies thérapeutiques de la schizophrénie. Globalement, les neuroleptiques réduisent les symptômes dits positifs parmi lesquels les hallucinations auditives et les idées délirantes, les symptômes dits négatifs (le retrait, l’émoussement affectif, l’apragmatisme) et les troubles cognitifs de la schizophrénie. Incontestablement mieux tolérés sur le plan neurologique que ne l’étaient la chlorpromazine et l’haloperidol, de nombreuses études allèguent l’effet favorable sur les symptômes thymiques se distinguant ainsi du risque dépressogène des neuroleptiques classiques (23).
Chaque neuroleptique atypique présente un profil de liaison particulier aux récepteurs cérébraux dont découlent ses propriétés psychophysiologiques (23). Selon le récepteur (12, 23):
·         L’affinité pour les récepteurs D2 est indispensable à l’action antipsychotique,
·         L’affinité pour les 5-HT2a prévient les effets secondaires extrapyramidaux.
·         L’affinité pour les récepteurs muscariniques est responsable de différents effets secondaires parmi lesquels : constipation et troubles mnésiques.
·         L’affinité pour les récepteurs histaminiques entraîne la sédation parfois bénéfique en cas d’agitation d’agressivité ou d’insomnie.
·         L’affinité pour les récepteurs α1 provoque de l’hypotension orthostatique.
Aux doses thérapeutiques, ils se lient dans une certaine mesure à ces récepteurs antagoniste Rcp Dopa D2. A l’exception de l’amisulpride (Solian® 200 à 800 mg, comprimés, solution) antagoniste D2-D3, tous les neuroleptiques atypiques sont également de puissants antagonistes des récepteurs sérotoninergiques post-synaptiques 5-HT2A. Cette propriété a pour effet de réduire l’apparition des effets extra-pyramidaux. Les neuroleptiques atypiques rendent ainsi la prescription d’anticholinergiques inutile. Pluriréceptoriels, les neuroleptiques atypiques agissent notamment comme agonistes partiels sur les récepteurs 5 HT1A leur permettant d’exercer une action anxiolytique et antidépressive tout en améliorant les capacités cognitives par l’augmentation de la mise à disposition de la dopamine dans le cortex préfrontal (23).
La schizophrénie, étant une affection chronique, rend indispensable la continuité du traitement en vue de freiner la perte de matière grise et l’aggravation des symptômes cognitifs Les effets secondaires du traitement seront surveillés et les drogues toxiques, dont le cannabis, qui sont d’importants facteurs de rechute seront abolis (12, 23).

c.       La variété de choix des atypiques

L’olanzapine (Zyprexa® 5 à 40 mg, césorodispersibles, amp. inj.), la clozapine et la quetiapine (Seroquel® et Seroquel® XR 200 à 3.600 mg comprimés à action prolongée): propriétés sédatives (action anti-histaminique) ; sous forme injectable intra-musculaire indispensable chez les patients en décompensation psychotique sévère refusant de prendre leur traitement per os ; Propriétés anxiolytiques importantes à la base d’une bonne compliance (23).
La risperidone (Risperdal® 2 à 6 mg, césorodispersibles, soluté ou Risperdal Consta® 25 à 75 mg/15 jours, ampoule injectable) forme à action prolongée ou retard (Risperdal Consta®), à dose journalière constante et moindre que per os, il diminue les effets secondaires, les rechutes et les journées d’hospitalisation. Moins intrusive, cette forme retard ne peut qu’améliorer la compliance du patient (12, 23).
Le sertindole (Serdolect® 4 à 20 mg, comprimés), très proche de la risperidone, cette molécule intéressante ne peut être prescrite qu’après un échec antérieur de traitement par deux neuroleptiques différents et avec une surveillance électrocardiographique obligatoire (effet suspectée d’allonger l’espace QT à la dose de24 mg/j) (12).
L’aripiprazole (Abilify® 5 à 30 mg), comprimés, ampoule injectable) agoniste dopaminergique partiel, elle exerce une activité dopaminergique dans les régions corticales frontales où une diminution de la transmission dopaminergique est responsable des troubles cognitifs typiques de la schizophrénie tandis qu’elle fonctionne comme antagoniste, plus précisément comme réducteur de la transmission dopaminergique dans le striatum sous-cortical caractérisé par une transmission dopaminergique augmentée dans cette affection ; faiblement anti-histaminergique, elle se profile avantageusement lors du processus de resocialisation ( 23).
La clozapine (Leponex® 100 à 600 mg, comprimés) indiquée seule ou en association dans toutes les formes de schizophrénie résistante. Elle fait ainsi office de dernier recours (12).
Une bonne connaissance du profil d’activité de chaque produit permet une adaptation optimale à la symptomatologie ou à l’évolution particulière de chaque patient (12, 23).

d.      L’association de plusieurs antipsychotiques

La monothérapie est recommandée par tous les experts. Bien documentée dans la littérature, elle reste rare en pratique. La polymédication antipsychotique ne s’applique évidemment qu’aux cas prouvés résistants à la monothérapie (12).

e.       Objectif du traitement:

La rémission des symptômes, la réduction de la fréquence et de la sévérité des épisodes aigus, le maintien d’une adaptation socioprofessionnelle et la réadaptation, et la limitation des évolutions déficitaires (36).

f.       Principes du traitement:

Dans les formes positives les neuroleptiques anti-productifs  et sédatifs en association sont utilisés d’emblée à une posologie élevée comme traitement d’attaque ; p.ex : Halopéridol ou Haldol ® :15-30 mg/j per os ou en IM. ou Rispéridone ou Risperidal ® 4-8mg/j per os  en une seule prise vespérale.  Dans les formes déficitaires, les neuroleptiques dits « désinhibiteurs » sont théoriquement indiqués. On procédera à une monothérapie à doses progressives et modérées ; p.ex :  Amisulpride (SOLIAN®)  50 à 400mg/j, en deux prises quotidiennes. HALDOL® ou RISPERDAL® peuvent aussi être utilisés à des faibles doses (5 à 15mg pour l’HALDOL® et 2 à 4mg pour le RISPERDAL®). Dans les formes ayant résisté à plusieurs traitements neuroleptiques successifs il est possible d’utiliser la clozapine (LEPONEX®). Pour le traitement d’entretien : le choix du relais par un NLP à action prolongée peut être proposé au patient en cas de faible observance thérapeutique. L’intervalle des injections est généralement de quatre semaines (36).
Pour la correction des effets secondaires : les Antiparkinsoniens comme le trihexyphenidyle (ARTANE®) 2-5mg/j et  les  Anti  cholinergiques  comme la tropatepine  (LEPTICUR®)  10-30mg/j peuvent être utilisés en présence d’effets secondaires significatifs (36).

g.      Durée du traitement

La schizophrénie est une maladie chronique et les antipsychotiques réduisent le risque de rechute ; ils doivent donc être administrés au long cours. Chez des malades qui sont en rémission de leur épisode aigu, le fait de continuer la thérapie à long terme permet une réduction considérable de la fréquence et de l’intensité des possibles épisodes aigus futurs (23).
L’arrêt des antipsychotiques, souvent par mauvaise observance ou mauvaise adhérence, est la principale cause de rechute d’une schizophrénie ; l’observance thérapeutique peut être facilitée par l’emploi des préparations à action prolongée ou à libération prolongée (une administration unique tout les 15 à 30 jours). L’arrêt d’un traitement antipsychotique sera toujours progressif et se déroulera sous surveillance médicale avec un plan d’urgence préétabli, également remis aussi aux proches (23).

2.      LES PSYCHOTROPES ASSOCIES

a.      Les benzodiazépines (BZD)

Elles diminuent l’anxiété et améliorent le sommeil. Elles sont également utiles dans les états catatoniques où l’administration trop rapide d’un neuroleptique pourrait favoriser l’installation d’un syndrome malin. Elles sont parfois nécessaires en association avec des neuroleptiques sédatifs chez les patients agités en décompensation aiguë. La prescription de BZD chez les patients présentant une problématique d’abus ou de dépendance (alcool, cannabis, etc.) doit être évitée (23).

b.      Les antidépresseurs

Les inhibiteurs spécifiques de la recapture de la sérotonine ou SSRI (citalopram, paroxetine, fluvoxamine) peuvent être prescrits lors des épisodes dépressifs à doses modérées (23).

3.      PRISE EN CHARGE NON MEDICAMENTEUSE

a.      Psychothérapies comportementales et sociales

Compte tenu du rôle joué par les facteurs environnementaux dans l’évolution des troubles, tous les auteurs s’accordent sur l’importance des interventions psychothérapeutiques comportementales et/ou psychosociales. Même après la disparition des symptômes psychotiques, des difficultés de communication avec les autres, une motivation réduite, des difficultés dans la réalisation de taches ou des projets simples persistent. Les interventions psychosociales basées sur des programmes de réhabilitation ou un travail en psychothérapie, sur l’information et l’éducation de l’entourage, peuvent alors beaucoup aider (28, 29).
Il faut néanmoins souligner que la psychothérapie ou les interventions psychosociales ne sont pas une alternative au traitement pharmacologique mais des prises en charge complémentaires très utiles (47).

b.      Programme de réhabilitation

Le terme définit une série très large d’interventions non strictement médicales. Ce sont des programmes de formation et d’éducation au niveau social et celui du travail, visant à apprendre au patient à mieux se gérer ; par exemple mieux utiliser les moyens de transport ou exécuter des taches ou des petits travaux utiles pour la collectivité (28).
L’objectif est de permettre au malade de mieux s’insérer dans la collectivité, en dehors du contexte des institutions de soins, et qu’il devienne graduellement socialement actif. Un reclassement professionnel ou l'obtention d'un statut de travail handicapé peuvent être recommandés (28).

c.       Psychoéducation familiale

Il est très utile pour les membres de la famille de suivre des cours de psychoéducation pour mieux apprendre et comprendre la nature de la maladie et la meilleure stratégie sur la façon de se comporter avec le malade (47). S’ils sont informés et attentifs, l’entourage, qu’il s’agisse de la famille, des amis voire même des relations professionnelles du patient peuvent identifier beaucoup mieux que le malade lui-même, les signes prémoniteurs d’une rechute et emmener le patient à consulter avant la survenue d’un épisode aigu (38). La famille doit aussi veiller à ce que le malade prenne régulièrement ses médicaments. La famille et les amis doivent soutenir le malade dans ses efforts et l’encourager à participer aux programmes de réhabilitation en soulignant positivement tout progrès (18, 28).

d.      Groupes d’aide

Ces groupes peuvent avoir un effet de soutien non négligeable et aussi un effet thérapeutique puisque les participants se fournissent une entraide mutuelle continue. Ils sont l’effet positif de déstigmatiser la maladie et réduisent la peur et l’angoisse éprouvées face à une situation que l’on comprend mal ou pas du tout. Généralement ces groupes sont rattachés à des associations de patients (18,38).

e.       Groupe d’ergothérapie

C’est le fait d’occuper les malades par des travaux manuels simples. Le travail est envisagé comme un moyen d’occuper l’esprit du malade, distrayant ainsi de ses pensées morbides (47).

f.       Groupes d’expression artistique

Ces groupes situent l’expression artistique comme un mode privilégié pour aborder la pathologie, dispositif de soins global afin d’aider des patients gravement atteints à surmonter leurs difficultés (47), il peut s’agir de :
ü  Musicothérapie : son objectif est d’aider les maladies à développer des relations et à résoudre des problèmes qu’ils peuvent ne pas être en mesure d’exprimer uniquement avec la parole (32).
ü  Art-therapie : elle permet au patient d’explorer son univers intérieur de manière rassurante par le biais d’une relation thérapeutique et l’utilisation de matériels artistiques (44).

g.      L’utilisation des électrochocs : la sismothérapie

La schizophrénie n’est pas une indication de première intention des électroconvulsions (ECT). L’utilisation des électrochocs peut toutefois être associée aux antipsychotiques en deuxième intention dans certaines formes cliniques où elle peut potentialiser l’action des antipsychotiques (trouble schizo-affectif, épisode catatonique, forme paranoïde sévère avec risque vital, épisode aigu résistant aux médicaments). Elle n’est indiquée qu’en phase active aigue et grave (28, 29).























II.               EVOLUTION ET PRONOSTIC


L’évolution de la schizophrénie est très variable. La maladie débute généralement à l’adolescence chez un sujet qui n’avait montré aucun trouble jusque-là (29). La maladie évolue avec (13):
·         des périodes de perturbation où les symptômes sont nombreux et intenses,
·          et des périodes où les symptômes sont soit absents soit présents mais mineurs.
Les périodes de déstabilisation sont souvent provoquées par l’arrêt du traitement, mais les évènements stressants de la vie peuvent aussi contribuer à des rechutes. L’hospitalisation n’est cependant pas systématiquement nécessaire. L’évolution est meilleure en cas de traitement régulier. Par ailleurs, les symptômes sont différents d’un patient à l’autre et peuvent changer au cours du temps chez un même patient. Quatre aspects évolutifs particuliers de la maladie sont décrits dans la littérature actuelle : les accès délirant aigus répétés ; la baisse du dynamisme ; les difficultés pour organiser ses idées ;  le retrait affectif : isolement, solitude (12, 13, 16).
Les accès délirants aigus surviennent presque toujours après l’arrêt des traitements par neuroleptiques : c’est la rechute. Les signes sont souvent les mêmes pour un même patient lors des différents accès. Les premiers symptômes de la rechute sont repérés : souvent par la famille, l’entourage ou les soignants ; rarement par le patient « déjà dans l’accès ». La reprise du traitement par neuroleptiques permet un contrôle de l’accès. Une hospitalisation est parfois nécessaire. Il faut savoir que les rechutes peuvent se manifester dans les semaines voire parfois plusieurs mois après l’arrêt du traitement. Les évènements de vie peuvent également favoriser ou précipiter une rechute, d’autant qu’il s’agit d’évènements dits de perte sociale : mariage d’un enfant, décès d’un conjoint, ou d’un proche, mort d’un animal domestique, retraite, mise en invalidité, perte d’un emploi, incorporation au service national, etc. leur impact, quand ils existent, est habituellement assez rapide, de l’ordre de trois semaines. Cette rechute et ses conséquences peuvent être évitées dans la majorité des cas par la prise régulière du traitement, ce qui justifie parfois de privilégier une forme galénique à action prolongée pour améliorer l’observance (12,13).
Dans la DSM IV, est dit en rémission un sujet (traité ou non) ayant des « antécédents de schizophrénie mais ne présentant actuellement plus aucun signe de la maladie ». La notion de rémission concerne ici l’évolution de la maladie schizophrénique. La rémission complète est décrite comme un « retour complet au fonctionnement prémorbide » et il est précisé que cette évolution est inhabituelle. Gardons cependant à l’esprit que la guérison est quasi inexistante en ce qui concerne la schizophrénie (6, 12).
Le suicide est un problème majeur de santé publique, son taux chez les patients schizophrènes est dix fois plus élevé que dans la population générale. Dans un pourcentage important, le suicide a lieu après l’expérience aigue ; il résulte alors du vécu douloureux qu’engendre la maladie. La majorité des suicides a lieu au cours d'une période de vulnérabilité représentée par les premières années d'évolution de la maladie. Les principaux facteurs de risque sont soit traits favorisants (homme jeune, caucasien, souffrant d'une forme schizo-affective ou paranoïde d'évolution chronique, présentant des antécédents personnels et familiaux de conduites suicidaires), soit psycho-dépendants (isolement social, altération globale du fonctionnement, dépression et désespoir, conduites adductives, effets secondaires des neuroleptiques). Encore une fois ce fait souligne la nécessité des soins et du suivi du patient (6, 12, 13).


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