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GENERALITES SUR LA SCHIZOPHRENIE 2

I.                  ETIOPATHOGENIE

Son étiologie demeure mal connue à ce jour (45), la schizophrénie est une pathologie dont l’expression clinique est complexe et dont les facteurs étiologiques semblent multiples. Ils ont suscité de nombreuses hypothèses « étiopatogéniques » mais aucune voie de recherche ne s’est à ce jour avérée totalement satisfaisante, du moins quant à son exclusivité causale (16).
L’intégration des différentes données issues de toutes les hypothèses étiopathogéniques permettant de rendre compte des phénomènes observés dans la schizophrénie au sein d’un modèle dit « intégratif » (16); Avec interaction de facteurs génétiques et environnementaux, qui conduirait à l'apparition de la maladie (40). De nos jours, une très large majorité des auteurs orientent leurs hypothèses les plus plausibles et probables, à la fois vers des causes génétiques et des causes développementales qui, d’ailleurs, peuvent être liées. Elles peuvent provoquer des altérations biochimiques et structurelles qui, à leur tour, entrainent des anomalies du développement à la fois structurel et fonctionnel du cerveau, qui se manifesteront par des troubles de son fonctionnement. On peut donc se dire que la schizophrénie est une “affection multifactorielle” (18). Disons que la schizophrénie, n’est pas une maladie mais plutôt un syndrome, sa survenue, n’est pas imputable à une seule cause mais à un ensemble de plusieurs facteurs associés (21); dont  principaux facteurs sont présentés ci-dessous :

1.      FACTEUR GÉNÉTIQUE DE PRÉDISPOSITION (HÉRÉDITÉ)

Les facteurs génétiques sont au moins aussi importants dans l'étiologie de la schizophrénie qu'ils le sont dans l'étiologie du diabète, de l'hypertension artérielle, des maladies coronaires ou de l'ulcère » (16). Le facteur héréditaire est considéré comme certainement présent dans la maladie, mais d'une manière telle qu'il se combine « en chaînes d'actions et de réactions longues et compliquées », avec les facteurs du milieu (16).
Voici les faits essentiels sur lesquels s'appuient actuellement les affirmations des généticiens (16):
1.                  Alors que la fréquence de la schizophrénie dans la population générale est de l’ordre de 1%, par contre lorsqu’un apparenté du premier degré est atteint de la maladie (père, mère, frère, sœur), le risque pour les autres frères et sœurs monte à 10%;
2.                  Lorsque les deux parents sont malades, le risque encouru par leurs enfants est de 40 à 45%;
3.                  Lorsqu’un faux jumeau est atteint de la maladie, l’autre jumeau encourt un risque de 10 à 15%;
4.                  Quand une tante, un oncle, un neveu ou une nièce est atteint, le risque pour les autres membres de la famille n’est plus que de 3%;
5.                  Quand un jumeau vrai (univitellin) est malade, l’autre encourt un risque qui monte à 30-50% (ce qu’on appelle la concordance).
Le fait que ce risque ne se transforme pas, dans ce cas, en certitude montre que le facteur génétique, s’il est bien nécessaire pour que la maladie se manifeste, ne constitue pourtant pas à lui seul une cause suffisante de maladie (27).  La constitution génique n’est pas un facteur déterminant rigide et inéluctable, d’autres facteurs devront être présents également pour que, sur ce terrain génétiquement prédisposé, la maladie puisse apparaitre (18). Les études d’adoption ont démontré que les parents biologiques de sujets présentant une schizophrénie ont un risque significativement plus accru de développer ce trouble, alors que les parents adoptifs ne présentant pas d’accroissement de risque (31). Il est prématuré ou suranné, de proposer des schémas de transmission héréditaire. La théorie polygénique serait plus en faveur que la théorie monogénique, on le comprend sans peine. Quant à une pathologie chromosomique, elle est aujourd'hui du domaine de l'hypothèse. Comme mécanisme intime de l'action de la prédisposition, on suppose généralement une perturbation héréditaire enzymatique intervenant au niveau des passages synaptiques, qui permettrait de relier la génétique aux connaissances actuelles sur les perturbations métaboliques de la schizophrénie (16).
Les gènes impliquées dans la synthèse, le transport, la dégradation de la dopamine et les récepteurs dopaminergiques, le polymorphisme du gène du récepteur sérotoninergiques 2A, constituent donc autant des gènes candidats de premier plan dans la recherche des gènes de susceptibilité à la schizophrénie (gènes des récepteurs D2-D3, de la tyrosine hydroxylase) (16).

2.      FACTEURS NEURO-BIOLOGIQUES

a.      Neuroanatomie

Absentes chez de nombreux malades, on retrouve certaines anomalies de l’encéphale qui sont aussi présentes hors de la schizophrénie, au cours d'autres maladies mentales, ou même chez des sujets normaux ; et on ne sait pas si elles préexistent à la maladie ou si elles en sont la conséquence (16). Les études neuro-anatomiques, récentes, révèlent des anomalies de la substance grise (les corps cellulaires et des glies), et de la substance blanche (les fibres nerveuses, axones et dendrites, permettant la communication entre les neurones) dans le cerveau des patients schizophrènes : déficit oligodendrocytaire, perte de myéline (17,16 ,41).

b.      Neurobiochimie

L’implication de facteurs biochimiques dans la schizophrénie est suspectée depuis longtemps sans que leur primaire ou secondaire n’ait pu être déterminée. L’hypothèse dopaminergique est encore, à l’heure actuelle, la mieux étayée. D’autres neurotransmetteurs (sérotonine, glutamate, noradrénaline, GABA, et neuropeptides) sont venus enrichir les données biologiques de ce trouble (7).
La dopamine reste le cœur des hypothèses biochimiques concernant la schizophrénie. Au niveau cérébral, les neurones dopaminergiques issus de l’aire tegmentale ventrale et de la substance noire se projettent vers les zones antérieures du cerveau de façon divergente. La reconnaissance d’un rôle central de la dopamine dans les phénomènes psychotiques est fondée en particulier sur l’efficacité des neuroleptiques qui sont des bloqueurs dopaminergiques, et sur les effets observés avec les psychostimulants à action dopaminergique, qui sont capables d’induire des symptômes psychotiques (31). Les perturbations pourraient être plutôt la conséquence de déséquilibre entre structures, et en particulier  entre structures corticales « cortex préfrontal » et structures sous-corticales « noyau accumbens, striatum, amygdale » (7 ,16).
Un taux plasmatique de la dopamine élevé serait corrélé avec la symptomatologie  positive et un taux plasmatique bas lorsque la symptomatologie négative prédomine. Une hypo-dopaminergie pré-frontale serait à l’origine d’une hyper-dopaminérgie mésolimbique. Les expressions comportementales des changements d’activité dopaminergique sont dus non pas à une augmentation ou à une diminution, mais plutôt à une modification de l ‘équilibre fonctionnel que les voies dopaminergiques créent entre les structures innervées (3 ,7 ,16).
La sérotonine est apparentée par sa formule à plusieurs psychotomimétiques (16); des études ont retrouvé une densité diminuée du récepteur « Rcp 5-HT2A et 5-HT2C » au niveau du cortex frontal et d’autres études ont montrés une augmentation de cette densité du « Rcp 5-HT2A » dans le cortex préfrontal et temporal (31). Le système sérotoninergique interagit de façon étroite avec le système dopaminergique et on ne peut distinguer, au vu des données actuelles, si les perturbations sérotoninergiques sont une cause ou une conséquence du dysfonctionnement dopaminergique (3 ,7 ,16).
L’hypothèse d’un déséquilibre cortico-sous-cortical mettant en jeu un hypofonctionnement sérotoninergique préfrontal et une hyperactivité sérotoninergique sous-corticale est mise en avant. L’effet psychomimétique des agonistes sérotoninergiques et l’action antipsychotique seraient en faveur d’un hyperfonctionnement sérotoninergique sous-corticale avec la «symptomatologie positive » (31). Les observations concernant une association entre un taux faible de 5-HIAA dans le LCR et une atrophie corticale, ainsi qu’une réduction de la densité des Rcp 5-HT2 et des sites de recapture au niveau du cortex frontal, pourraient-elles être en faveur d’un hypofonctionnement sérotoninergique préfrontal dans « les symptômes négatifs » (3).
L'adrénaline et la noradrénaline (NAD) dérivent elles aussi d'un acide aminé, par hydroxylation de la dopamine,  la tyrosine, qui se transforme en dopamine, précurseur de la noradrénaline. Cette dernière paraît être le médiateur principal de toute la série dans le cerveau. Il existe des interactions entre les systèmes dopaminergiques et noradrénergiques (3 ,16). La NAD stimule la libération de dopamine via des récepteurs beta adrénergiques. Une augmentation des taux de la NAD au niveau des structures limbiques et dans le LCR est notée chez des patients Schizophrènes. Cette augmentation est corrélée avec les symptômes positifs pour certains, et avec les symptômes positifs et négatifs pour d’autres (3).

3.      FACTEURS PSYCHO-SOCIAUX 

a.      Rôle de la famille

Il existe des perturbations des relations du schizophrène avec sa famille, et que l’on puisse affirmer la constitution d’états pré-schizophréniques à la faveur de ces perturbations infantiles ou juvéniles. Tout évènement traumatisant ou toute circonstance pouvant compromettre le développement affectif normal de l’enfant peut avoir un rôle de « précipitation »  vis – à – vis du déclenchement de la psychose (16). Altération précoce, dans les phases prégénitales du développement, des relations affectives avec l’entourage, soit trop grande dépendance, soit trop grande frustration à l’égard de la mère « captative ou redoutable » ou du père. Il faut insister sur l’importance prise par la notion de carence affective, extrêmement fréquente (29).

b.      Rôle des évènements

Beaucoup d'évènements contemporains du début de la psychose, et souvent indiqués par l'entourage comme « cause morale » (échecs, deuil, surmenage, accouchement, émotions) ne jouent qu'un rôle de précipitation. Mais les évènements vraiment significatifs sont surtout ceux qui surviennent à certaines périodes-clefs du développement et de l'évolution personnels. Il en est ainsi des frustrations précoces. C'est par rapport à elles que prennent forme et signification les événements de la première enfance, L'invasion pubertaire est aussi un moment-clef, où la réactivation de la pulsion sexuelle vient se heurter à des obstacles multiples. Les traumatismes sexuels précoces peuvent aussi venir bloquer des intégrations difficiles. C'est souvent dans les premières relations amoureuses, les premières déceptions sentimentales ou à l'occasion du mariage que les traumatismes infantiles s'actualisent (16).

c.       Hypothèse socio-environnementale

Plusieurs études épidémiologiques ont mis en évidence l’implication de facteurs environnementaux et sociaux, en particulier la vie en milieu urbain, dans l’augmentation du risque de survenue d’une pathologie schizophrénique chez des sujets vulnérables. Mais l’observation de la présence de schizophrénie dans toutes les cultures fait ombrage à la proposition d’une causalité socio-environnementale universelle (16).

4.      FACTEUR DE PRÉDISPOSITION BIOTYPOLOGIQUE

Kôrperbau, dans étude, avait trouvé que 47 %  de patient schizophrènes  étaient de type « leptosome », 34 % de type dysplasique, 17 % du type athlétique, 3 % seulement du type pycnique (1). Ce type, le leptosome, paraît assez bien défini : structure verticale, squelette gracile, silhouette élancée, faible tonus orthosympathique avec réactions lentes et prolongées (hypotension, ralentissement des échanges; hypoglycémie, tendance hyperthyroïdo-hypogénitale, fréquence des réactions allergiques, de la tuberculose, de l'ulcus gastrique, de la maladie de Basedow, des affections rénales, de l'hypertension tardive, etc.) (16).
Ce type humain répond au « nerveux » d'Hippocrate, au « cérébral » de la typologie française, au « longiligne asthénique » de l'école italienne, à 1' « ectomorphe » de Sheldon, au « nerveux faible » de Pavlov. La prédisposition de ce type pour la schizophrénie est un fait reconnu, depuis Kretschmer, par tous les auteurs (16).

5.      SCHIZOPHRENIE ET DROGUES PSYCHOTOMIMETIQUES

Depuis quelques décennies, une attention particulière a été portée aux effets hallucinogènes de certaines drogues, surtout le LSD (diéthylamide de l'acide lysergique) et la mescaline (alcaloïde du peyotl), et les amphétamines (psychose amphétaminique) dans le but de découvrir des rapports entre ces effets et les psychoses, notamment la schizophrénie. Tous ces produits entrainent des symptômes végétatifs importants (tachycardie, fièvre, dilatation pupillaire) et des signes psychiatriques : hallucinations visuelles, anxiété, difficultés de concentration, fuite des idées, expériences de dépersonnalisation. Mais les effets psychiatriques sont variables selon l'état initial du sujet et il a été aussi prouvé que ces drogues procurent un soulagement passager d’où risque de dépendance à la longue (16).
Quoi qu'il en soit les hypothèses biochimiques, l'intérêt des psychoses induites est de nous montrer que certaines altérations de la chimie cérébrale peuvent produire des effets aigus massifs comparables à ceux d'une psychose aiguë (16).




II.               SEMIOLOGIE

1.      DIAGNOSTIC

La maladie démarre souvent très lentement et avec des signes peu spécifiques. Dans la plupart des cas, ces premiers signes apparaissent avant l’âge de 25 ans, en général lors de l’adolescence, comme l’expression d’un changement le plus souvent lent et sournois, mais il peut être rapide dans quelques cas (29). On sait aujourd’hui que la schizophrénie est une maladie identifiée par l’association de trois dimensions fondamentales (13 ,16):
·         La première est représentée par la transformation ou distorsion délirantes de la réalité, exprimée par des vécus délirants et hallucinatoires
·         La deuxième dimension est caractérisée par l’appauvrissement affectif et idéo-affectif qui se manifeste par les symptômes dits « négatifs » tels que l’aboulie, apathie, absence de la capacité de modulation affective de la pensée.
·         La troisième dimension est caractérisée par la désorganisation de la pensée  avec troubles formels de l’idéation et du langage (pauvreté du contenu et incohérence du discours, perte des liens logiques dans les pensées et le raisonnement) avec comme conséquence directe la désorganisation du comportement qui se manifeste notamment par l’incongruité affective, c'est-à-dire une inadéquation entre les modalités expressives du sujet et le contexte émotionnel de la situation.
Le diagnostic de la schizophrénie est posé à partir de critères cliniques qui ont été établis précisément par des groupes d’experts internationaux : par exemple ceux de l’OMS (CIM10) ou de l’Association Américaine de Psychiatries (DSM IV TR) qui sont utilisés dans la plupart des travaux actuels de recherche scientifiques (16).
Selon le DSM-IV, le diagnostic repose sur la présence d’un certain nombre de troubles. Il est basé sur un ensemble de signes jugés caractéristiques (critères A) qui doivent avoir été présents pendant au moins un mois mais moins que cela si le patient a reçu un traitement, certains signes devant persister au moins 6 mois (critères B). Ces signes et symptômes doivent être associés à des perturbations fonctionnelles sociales (critères C). Il faut également s’assurer que ces perturbations ne sont pas liées à un état dépressif concomitant ni à un traitement médicamenteux ou à des problèmes intercurrents (critères D et E). Chez les sujets qui relevaient auparavant d’un diagnostic de trouble autistique ou d’un autre trouble envahissant du développement, le diagnostic de schizophrénie ne peut être porté qu’en présence d’un délire ou d’hallucinations manifestes qui doivent être présents pendant plus d’un mois (critères F). Il faut souvent se donner le temps avant d’affirmer le diagnostic (6).
FICHE DIAGNOSTIC DE DSM IV TR (6)
A.    Au moins deux symptômes suivant


·         Idées délirantes
·         Hallucinations


·         Discours déstructuré
·         Comportement déstructuré ou catatonique
·         Symptômes négatifs, par exemple émoussement affectif, perte de volonté
B.     Dysfonctionnement social ou occupationnel (détérioration à partir d’un niveau de fonctionnement dans des domaines tels que le travail, les relations sociales et les soins personnels)
C.     Durée : au moins 6 mois
D.    Sont exclus les troubles schizo affectifs et les troubles de l’humeur
E.     Sont exclus les troubles dus à des substances ingérées ou pathologies organiques
F.      Sont exclus les troubles de développement (autisme, débilité)
SYMPTOMES DE PREMIER RANG DE SCHNEIDER (13) 
En l'absence de pathologie cérébrale organique, la présence de symptômes de premier rang de Schneider non pathognomoniques oriente vers  une schizophrénie.
Hallucinations auditives : Elles peuvent être de plusieurs types, les voix entendues peuvent
·         répéter tout haut les pensées du patient au moment où celui-ci les émet, juste après qu'elles aient été émises, ou par  anticipation, juste avant qu'elles ne le soient;
·         discuter avec le patient en parlant de lui à la troisième personne;
·         faire un commentaire sur le patient.
Intrusion dans les pensées : Le patient croit que ses pensées sont sous le contrôle d'un système externe, ou que d'autres participent à ses pensées. Les types suivants d'intrusions dans les pensées sont des symptômes de premier rang, le patient peut croire que
·         des pensées extérieures (étrangères) ont été insérées en lui ou par un intermédiaire extérieur (intrusion dans la pensée);
·         ses pensées ont été retirées de son esprit par un agent extérieur (vol de pensées);
·         ses pensées sont lues par d'autres comme si elles leur étaient transmises (divinement de la pensée).
Émotions, impulsions et actions forcées : Le patient a le sentiment que son libre arbitre ne lui appartient plus et qu'un agent extérieur contrôle ses


·         émotions et pensées (imposées);
·         impulsions (forcées);
·         actions (actes imposés).


Passivité : Le patient a l'impression d'être le réceptacle passif de sensations somatiques ou corporelles issues d'un agent extérieur.
Perception délirante : Une perception réelle est suivie d'une interprétation erronée et délirante de cette perception.

2.      MODE DE SURVENUE  DES EPISODES

a.      Insidieux
Souvent de diagnostic difficile et retardé ; il est évoqué devant des signes peu spécifiques (16):
·         Un désintérêt intellectuel, un repli sur soi.
·         Un tableau pseudo dépressif, avec une humeur dépressive, une anesthésie affective.
·         Un caractère qui change et qui inquiète l’entourage.
·         Des épisodes d’agressivité (auto ou hétéro agressivité) inexplicables.
·         Une vie marginale ; une consommation importante de cannabis ; un élève jusqu'alors studieux qui ne fait plus rien.
·         Une bizarrerie des comportements comme des goûts excessifs ou exclusifs pour certaines activités (l’ésotérisme, la musique etc.).
·         Des débuts pseudo-névrotiques avec des phobies, des obsessions ou des préoccupations corporelles d’allure hypocondriaque.
Devant ces situations qui n’ont aucune spécificité, il sera recherché des signes plus évocateurs tels que :
·         Des expériences de déréalisation où le sujet a l’impression que son entourage ou l’ambiance se modifient, et deviennent étranges et inquiétants.
·         Des expériences de dépersonnalisation, certes fréquentes et banales à l’adolescence, mais qui peuvent évoquer le diagnostic si elles sont fréquentes ou intenses. Une impression d’étrangeté du corps ou d’une partie du corps. C’est le classique « signe du miroir » où le jeune schizophrène s’examine avec anxiété pendant des durées anormalement importantes.
·         L’installation progressive d’un automatisme mental, des hallucinations acoustico-verbales ou un délire, sont évidemment beaucoup plus évocateurs d’une entrée dans la schizophrénie.
b.      Rapide ou brutal
La maladie peut ainsi se révéler par une transformation rapide du caractère et des conduites. Le début peut être une bouffée délirante. Il peut sembler être secondaire à un événement de vie notable (deuil, échec scolaire, rupture sentimentale, rupture avec les parents, fugue, etc.) (6).

3.      FORMES CLINIQUES

1. La schizophrénie paranoïde
La schizophrénie paranoïde est certainement la forme la plus fréquente. Elle se caractérise par la prédominance des manifestations délirantes. Le délire paranoïde, illogique, bizarre voire impénétrable, est sous-tendu par des manifestations délirantes, hallucinatoires, interprétatives ou intuitives avec différentes thématiques et surtout d’une grande variété. Le syndrome d’automatisme mental qui regroupe des manifestations diverses montrant les sentiments de dépossession de l’intimité de la pensée est caractéristique. Il est relativement rare dans son intégralité mais il permet d’établir le diagnostic. Cette symptomatologie paranoïde est associée à des manifestations de désorganisation ou à une symptomatologie négative, qui ne sont pas au-devant de la scène (6, 12, 13).

2.      La schizophrénie désorganisée
La schizophrénie désorganisée est caractérisée par la présence au premier plan de troubles de la pensée comme par exemple un discours confus et totalement incohérent ainsi que la présence de néologismes. Ceci est associé à un comportement en inadéquation avec une situation donnée (une tristesse à un moment où la joie devrait être présente ou inversement) (6, 13).
Hébéphrénie est l’un de type de la forme désorganisée, débute en règle générale insidieusement au cours ou au décours de l'adolescence. Une personnalité pré morbide schizoïde est parfois retrouvée. Les perturbations du fonctionnement intellectuel ainsi que l'émoussement affectif avec retrait social sont au premier plan. Le délire est pauvre ou parfois absent. Le pronostic évolutif, malgré le traitement antipsychotique est souvent défavorable et la désinsertion socioprofessionnelle habituelle (6, 12, 13).
3.      La schizophrénie catatonique
La schizophrénie catatonique se définit par la présence au premier plan de manifestations motrices : une catalepsie ou perte momentanée de l’activité musculaire ; une activité musculaire ou motrice excessive ou surexprimée ; un négativisme extrême ou un mutisme ; une forme extrême qui consiste en la répétition des paroles prononcées (écholalie) ou la répétition des mouvements (échopraxie) (6, 12, 13).
4.       La schizophrénie indifférenciée
La schizophrénie indifférenciée est la forme qui regroupe le plus grand nombre de symptômes des différentes formes de schizophrénie énoncées précédemment. Elle associe donc des symptômes positifs, de désorganisation ou de catatonie, sans qu’on retrouve de signes prépondérants au premier plan. Il existe fréquemment une association de symptômes, où aucun n’est présent d’une façon prédominante en termes de temps au cours de l’évolution (6).
5.      Simple
Le tableau de schizophrénie est très peu marqué, absence de délire, mais retentissement sur le fonctionnement socioprofessionnel du sujet (12, 13).

6.      Résiduelle
Forme de schizophrénie stabilisée dans laquelle persistent des symptômes négatifs (émoussement affectif.) mais où les symptômes positifs (délire) sont atténués (12, 13).

4.      DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS

Face à un état psychotique aigu, on éliminera :
·         D’abord une cause organique (neurologique ou toxique) en associant aux recherches biochimiques (p.ex : Glycémie, Ionogramme, NFS, TSH, Toxiques) et à l'examen clinique, un scanner cérébral au moindre doute (6, 16) ;
·         Trouble schizophréniforme : son évolution est favorable en moins de six semaines ;
·         Trouble psychotique bref  qui évolue en moins d’un mois (6, 16) ;
·         Episode maniaque (manie délirante) qui évolue en moins d’une semaine vers la régression (6, 16) ;
·         Deuil pathologique et psychose puerpérale (cause identifiée à l’histoire récente de la maladie) (6).
Devant un tableau chronique (16):
·         Trouble délirant : ici le délire est bien systématisé et il n’y a ni symptômes positifs ni une désorganisation ;
·         Trouble bipolaire : les épisodes thymiques se ressemblent mais leurs antécédents et évolution diffèrent de ceux de la schizophrénie ;
·         Certains trouble de la personnalité tels que la personnalité schizoïde (retrait social et froideur) et la personnalité schizotypiques (idées non délirantes de références, bizarrerie, et méfiance) mais ils ne sont pas associés au délire, aux hallucinations, la désorganisation et aux symptômes négatifs.


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